# JAHM – LEs JEUx de l’amour et du hasard – Marivaux

– HISTOIRE et INTRIGUE(S) – Promise par son père à Dorante, Silvia, qui redoute la vie conjugale, impulse un stratagème où elle se fait passer pour Lisette sa femme de chambre, afin de mieux observer son futur mari. Dorante a de son côté la même idée. On assiste à un double travestissement où les maitres jouent des valets et les valets des maîtres sous les yeux complices de Mr Orgon et de Mario, père et frère de Silvia, auquel nous ajoutons ceux des serviteurs de la maison. De cette inversion initiale et simple des rôles s’ensuit un mécanisme complexe qui met en parallèle l’évolution de deux couples. Le jeu s’organise et le hasard, dès l’origine, en est le maître des lieux.

L’intrigue repose sur la mécanique et l’expérience d’un jeu, entre naturel et théâtralité. Les règles sont exposées dès le début de l’œuvre et le moyen du travestissement est un procédé ancien que Marivaux utilise fréquemment dans son œuvre – non pas comme le veut son postulat d’origine pour cacher ou ruser, mais au contraire en le détournant de façon innovante en son temps, pour percer la vérité de l’autre. Via un monde renversé, le dramaturge fait de nous ses complices. Nous connaissons les projets des meneurs de jeu, à qui il délègue le processus dramaturgique ; et les mobiles des héros, qui, par l’épreuve, vont faire un voyage au monde du vrai, dans le labyrinthe des cœurs battants. Sur trois actes, L’intrigue circule en chemins de traverse, les règles du jeu changent et se compliquent, et Marivaux ouvre l’épreuve impitoyable mais aussi la joie de rendre fécondes les relations humaines.